Femmes et migration en Côte d’Ivoire : le mythe de l’autonomie
Migration
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Issue: 1
(04 - 2005)
En Côte d’ivoire, comme dans d’autres pays africains les migrations traditionnellement dominées
par les hommes se féminisent progressivement. Les résultats de l’Enquête Ivoirienne sur les
Migrations et l’Urbanisation (1993) indiquent clairement que les femmes migrent presque autant
sinon plus que les hommes, notamment en ce qui concerne les migrations urbaines. Parallèlement
à cette forte migration féminine, se déroulent d’autres processus dont celui de l’autonomisation des
femmes migrantes très longtemps négligées et considérées comme des « migrantes passives ». Des
études récentes montrent que les femmes sont de plus en plus autonomes dans leur migration par
rapport à la famille, d’autres insistent sur le rôle déterminant des rapports de genre qui obligent
les femmes à migrer en association avec un autre membre de sa famille. Dans ce contexte,
comment interpréter l’importante migration féminine actuelle ? Est-elle le signe d’une plus
grande autonomie ou alors la conséquence de l’affaiblissement du contrôle familial et social ?
S’agit-il d’une évolution des migrations en général ou tout simplement une mutation de la
situation et des aspirations personnelles des femmes ? Quels liens peut-on établir entre ces
migrations et les relations de genre ? Cet article réexamine la question de l’autonomie des femmes
dans la migration. L’analyse est axée sur la prise de décision et le motif de la migration et utilise
les données de l’Enquête Ivoirienne sur les Migrations et l’Urbanisation (EIMU). Elle montre que
pour les femmes, la famille et les rôles sexuels restent déterminants dans la capacité à prendre une
décision individuelle ou pour faire une migration économique indépendante. L’autonomie des
femmes dans la migration est par conséquent très limitée et reste un mythe.
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