Développement local, pauvreté et pratique contraceptive en Côte d’Ivoire
population health
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Issue: 2
(10 - 2006)
La Côte d’Ivoire fait partie des pays d’Afrique subsaharienne n’ayant pas connu de
politique de planification familiale jusqu’à la fin des années 1990. En revanche, une
baisse de la fécondité peut être constatée depuis les années 1980, baisse qui s’articule
avec une certaine progression de la prévalence contraceptive. Ce début de transition
de la fécondité, qui se développe avec de fortes distinctions selon les milieux de
résidence et les niveaux d’instruction, s’opère sous l’effet conjugué des facteurs de
modernisation (urbanisation, développement de l’éducation et des services de santé,
amélioration du statut de la femme, baisse de la mortalité des enfants, etc.). Mais
cette transition s’inscrit également dans un contexte d’accroissement des contraintes
économiques s’exerçant sur les ménages et les individus, de paupérisation et de
précarité croissante de certaines couches de la population.
En utilisant les données de l’EDS de 1994 et un modèle d’analyse multi niveau, cet
article étudie la pratique contraceptive en Côte d’Ivoire en vue d’identifier les
facteurs individuels et contextuels explicatifs du recours aux méthodes de
contraception, modernes d’un coté, naturelles et traditionnelles de l’autre. Les
questions suivantes sont explorées dans le texte : les différences socio-économiques
locales et individuelles, et notamment la pauvreté inégalement répartie des
conditions de vie, influencent-elles l’usage de la contraception ? Les différences
d’accessibilité aux services de planification familiale, selon le secteur de résidence,
contribuent-elles à la distinction des prévalences contraceptives ? Quels sont les
effets des interactions entre l’éducation et les variables des contextes régionaux et
locaux sur la pratique contraceptive ?
L’analyse multivariée, utilisée dans cette étude, permet de répondre à ces différentes
questions parce qu’elle met en évidence la variation de la pratique contraceptive
entre les milieux et les facteurs individuels et contextuels intervenant à l’intérieur de
chacun d’eux. Concernant les facteurs individuels, l’importance de l’instruction de la
femme, et dans une moindre mesure de son conjoint qui est généralement son chef
de ménage, est démontrée ; concernant les facteurs du ménage et du contexte local,
l’effet primordial du niveau de vie est mis en valeur. L’ensemble des résultats
confirme l’association de la pauvreté humaine, caractérisée dans l’étude par un faible
niveau d’instruction et des conditions de vie familiale et locale précaires, avec la
faible pratique contraceptive.
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